NOVEMBER 7, 2017

Le formulaire d'évaluation médicale menant à l'ouverture d'un régime de protection : un document crucial

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Dans une série d’infolettres, le Curateur public, avec la collaboration du Collège des médecins, rappelle aux médecins leurs obligations professionnelles et déontologiques vis-à-vis de leurs patients inaptes.


Vous avez constaté l’inaptitude de votre patient et vous devez maintenant remplir le formulaire d’évaluation médicale nécessaire afin de demander l’ouverture d’un régime de protection ou l’homologation d’un mandat. La loi prévoit que le rapport du directeur général soumis par un établissement au Curateur public est constitué de l’évaluation médicale et psychosociale de celui qui a examiné la personne majeure. Tel que souligné dans une infolettre précédente, cette évaluation clinique engage votre responsabilité professionnelle.

Le formulaire d’évaluation médicale dans le cadre d’une demande d’ouverture d’un régime de protection ou de l’homologation d’un mandat revêt une grande importance, car il vise à constater l’inaptitude de la personne à gérer ses finances, à prendre soin d’elle-même et à exercer ses droits civils. En le lisant, on doit comprendre le lien entre le diagnostic médical et les impacts sur les habiletés cognitives, qui se traduisent par l’incapacité à prendre des décisions au regard des conséquences.

On vous demande tout d’abord de préciser les circonstances de vie qui motivent la demande : qu’est-ce qui fait qu’à ce moment précis la personne doit être reconnue inapte et qu’une mesure de protection doit être envisagée? L’enjeu est toujours de trouver le meilleur équilibre entre le droit à l’autodétermination et le besoin de protection.

Il faut également joindre les évaluations pertinentes qui ont servi à étayer votre opinion et à guider vos conclusions, ainsi que la note que vous avez rédigée à cet effet lors de votre évaluation. Le Code civil du Québec précise que l’inaptitude peut résulter d’une maladie, d’une déficience, d’un affaiblissement dû à l’âge ou d’une incapacité physique à exprimer sa volonté. Vous devez donc poser le ou les diagnostics qui expliquent l’inaptitude de votre patient et qui définissent la composante causale. Ce rôle vous est entièrement dévolu, puisque seul le médecin peut poser un diagnostic. La description des impacts de la pathologie sur les habiletés cognitives se trouve au cœur de cette évaluation. La personne peut-elle raisonner et exprimer un choix, comprend-elle ce qu’elle fait, est-elle capable d’analyser et d’apprécier une situation, de faire des démarches pour combler ses besoins? A-t-elle les capacités résiduelles nécessaires pour compenser ses déficits? Vous devez être en mesure de répondre à toutes ces questions et de noter vos réponses dans votre évaluation. Des exemples concrets de vos constatations sont toujours pertinents et peuvent bonifier votre rapport.

On vous demande enfin de vous positionner sur la durée et le degré de l’inaptitude, ce qui déterminera le type de régime qui pourrait être ouvert (curatelle ou tutelle). Il est important de préciser les raisons de l’inaptitude partielle, en d’autres mots les capacités résiduelles que possède la personne et qui contribuent à son autonomie. Lorsque l’inaptitude est temporaire, il est important d’en spécifier la durée afin d’anticiper les délais de réévaluation. Si vous prévoyez que le traitement modifiera l’état clinique durant la prochaine année, des mesures temporaires seront peut-être préférables, étant donné qu’il peut y avoir un délai de quelques mois avant d’obtenir un jugement de la Cour supérieure. Si vous jugez que l’état clinique est stable et si vous n’anticipez pas de changement prévisible à moyen terme, il faut l’indiquer sur le formulaire. Les délais de réévaluation de la tutelle sont de trois ans et ceux de la curatelle, de cinq ans. Une réévaluation peut être demandée par la personne en tout temps.

L’ouverture d’un régime de protection a des conséquences importantes puisqu’elle conduit à l’inaptitude légale de la personne. Ce régime la limitera dans l’exercice de ses droits. Il est donc fondamental que l’ouverture d’un tel régime s’appuie sur une évaluation médicale structurée et bien documentée.

Si vous avez des questions concernant la demande, vous pouvez contacter la Direction médicale et du consentement aux soins en tout temps, au 514 873-5228.