JUNE 16, 2021

Téléconsultations : la qualité et la sécurité des soins avant tout

SHARE

Au cours des quinze derniers mois, les téléconsultations ont connu un essor au Québec en raison de la pandémie de COVID-19. Les consultations médicales à distance comportent plusieurs avantages, tant pour les patients que les médecins, et représentent une avancée significative dans les soins de santé. Elles soulèvent toutefois des enjeux de sécurité et de qualité des soins, qui interpellent le CMQ. 

Voici certaines problématiques observées:

  • Une disponibilité uniquement en téléconsultation de certains médecins (souvent exclusivement par téléphone);
  • Des patients incapables d’obtenir un rendez-vous en personne avec leur médecin malgré leur demande spécifique en ce sens;
  • Des patients dirigés vers l’urgence, les cliniques spécialisées et les sans-rendez-vous pour compléter la démarche clinique après une évaluation par téléconsultation, en raison notamment de l’absence de corridors de service établis;
  • Des patients ayant reçu des diagnostics et des traitements pour des problèmes de santé qui auraient mérité une évaluation en personne, etc.

Le contexte sanitaire a pu imposer certaines restrictions dans les milieux cliniques, ce qui a contribué au déploiement extensif des téléconsultations. Néanmoins, avec l’amélioration de la situation sanitaire à l’heure actuelle, le CMQ encourage tout le réseau, à la lumière des recommandations du MSSS, à s’orienter rapidement vers un niveau d’activités optimal en présentiel. 
 
L’intérêt du patient d’abord

La décision d’opter pour la téléconsultation doit tenir compte de multiples facteurs, mais elle ne devrait jamais être systématique, ni dictée par l’agenda du médecin ni par les impératifs d’une clinique ou d’un fournisseur de services de santé.

Aucun critère n’est plus important que la qualité des soins, leur aspect sécuritaire et le respect des normes déontologiques. Agir dans l'intérêt du patient est un principe non négociable.

Les obligations du médecin sont les mêmes, quel que soit le mode de consultation, notamment l’obligation de compléter sa démarche clinique et d’assurer le suivi requis par l’état du patient.  
 
L’article 32 du Code de déontologie précise notamment que:«Le médecin qui a examiné, investigué ou traité un patient est responsable d'assurer le suivi médical requis par l'état du patient, à la suite de son intervention, à moins de s'être assuré qu'un autre médecin, un autre professionnel ou une autre personne habilitée puisse le faire à sa place.»
 
L’article 112 du Code de déontologie ajoute que:«Le médecin doit, lorsqu'il dirige de sa propre initiative un patient à un autre professionnel, fournir à celui-ci les renseignements qu'il possède et qui sont pertinents à l'examen, à l'investigation et au traitement du patient.»

Le CMQ rappelle donc à ses membres l’importance de respecter leurs obligations déontologiques et leur cadre de pratique dans l’ensemble des contextes de soins, y compris sur les plateformes de télémédecine privées.

IMPORTANT

Le 18 juin, le ministère de la Santé et des Services sociaux diffusera des précisions à sa directive concernant la téléconsultation pour les patients orphelins ou non connus du médecin. Entre-temps, le CMQ rappelle sa position énoncée en février dernier dans la fiche Rencontre en personne ou téléconsultation : comment trancher? :

Connaissance du patient et accès à son dossier médical
Idéalement, la téléconsultation devrait servir à rencontrer des patients avec qui le médecin a déjà établi une relation lors de consultations antérieures en présentiel. Avoir une connaissance globale du patient et un accès à son dossier médical sont des atouts importants lors d’une téléconsultation afin d’assurer une bonne continuité des soins.

À défaut d’être le médecin traitant du patient, le médecin devrait, s’il travaille dans la même clinique ou le même établissement que celui-ci, prendre connaissance du dossier médical du patient afin de faciliter son évaluation clinique. Cet accès revêt toute son importance notamment chez des patients avec de multiples pathologies, une polypharmacie ou une condition médicale complexe. Minimalement, un accès au Dossier santé Québec (DSQ) est fortement souhaitable.

Bien qu’il demeure possible d’évaluer un patient jusqu’alors inconnu du médecin sans accéder à son dossier ni au DSQ, ce type de rencontre comporte plus de risques sur le plan de la qualité et de la sécurité des soins, surtout en présence d’un nouveau problème médical. Le médecin devra faire preuve d’une grande prudence.

Pour en savoir davantage
Consultez la section Télémédecine de notre site web. Celle-ci est mise à jour régulièrement.