Santé: au cœur de l’actualité d’ici la fin de l’année
Lisez le mot du président du 22 août 2025
Des actions concrètes doivent vite être entreprises par le gouvernement québécois : aux quatre coins du territoire, la population fait les frais d’un système public de santé vieux de plus d’une cinquantaine d’années et peine souvent à en avoir pour son argent! Vieillissement, comorbidités, longues listes d’attente en chirurgie, vétusté des infrastructures et des équipements, pénurie et détresse du personnel : tous ces éléments et bien d’autres doivent être sérieusement pris en compte pour que de nouvelles façons de faire et règles établies fassent une réelle différence sur le terrain, au bénéfice des patients comme des soignants.
Ragaillardir la première ligne
Inspirée du rapport Soutenir l’élaboration d’une première politique gouvernementale de soins et services de première ligne au Québec – que le Collège a cité dans un mémoire présenté en commission parlementaire, en mai dernier – une toute première politique de première ligne verra bientôt le jour : sa présentation est attendue au courant de l’automne. En marge de l’écriture de cette politique, le CMQ a été invité à s’exprimer et à énoncer des idées et des pistes de solution pour optimiser les soins de première ligne et revaloriser, par le fait même, la médecine de famille ainsi que toutes les formes de soins à domicile.
Parmi celles-ci, notons une nécessaire collaboration interprofessionnelle; l’incontournable responsabilité sociale; une action cohésive des professionnels de la santé et des partenaires gouvernementaux pour assurer le maintien à domicile extensif des personnes âgées; des ressources humaines et financières suffisantes pour y parvenir; l’adaptation des soins et services de santé aux cultures et besoins des populations autochtones; des ressources intermédiaires mieux formées et plus compétentes; et davantage de latitude accordée aux autorités locales. Pour que l’ensemble des Québécois soient pris en charge d’ici un an, comme s’y est engagé le gouvernement, il faut faire des choix de société et il faut se donner les moyens de nos ambitions!
Sortir le Grand Nord du Tiers-Monde
Nous avions tiré la sonnette d’alarme au lendemain de notre passage au Nunavik, au printemps 2023, puis dans notre rapport de tournée publié en 2024. Deux ans plus tard, la situation n’y est pas plus glorieuse : elle semble même pire! L’actualité nous en a fait le triste constat, ce printemps : de récurrents problèmes d’approvisionnement en eau, entre autres, rendent le travail quotidien si complexe que de nombreuses ressources soignantes, épuisées, abdiquent. Ajoutez à cela des enjeux sociaux systémiques, un nombre alarmant de cas de tuberculose, la rudesse d’un climat capricieux, la vaste étendue du territoire, l’absence de routes carrossables, de blocs opératoires, d’unités de soins intensifs et de scans, de même qu’une rareté de logements. Bref, la vie n’y est pas simple; le travail du personnel de la santé, non plus. C’est la dure réalité! Tant pour la population que pour le corps médical, la responsabilité sociale doit enfin s’incarner.
De concert avec des médecins qui exercent depuis de nombreuses années sur le terrain, au Nunavik, le CMQ a dressé une liste d’actions concrètes pouvant être posées dans un court laps de temps afin d’améliorer l’accès local aux soins et les conditions de travail du personnel soignant. Elle a été transmise à Ian Lafrenière, ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit. Nous suivrons de près la mise en œuvre du plan d’action pour le Grand Nord, qui, pour assurer la continuité de soins de qualité, doit être empreint de sécurisation culturelle.
Donner suite au PL 106
L’étude et les représentations entourant le projet de loi 106 ont fait grand bruit, en mai, à l’Assemblée nationale. Nous suivrons de près l’évolution du projet, en marge de son adoption. Car depuis le début, le CMQ est d’avis que l’association entre rémunération des médecins et performance est hasardeuse et contre-indiquée. Pour ne pas que la quantité des actes médicaux posés vienne compromettre leur qualité, il faut que les cliniciens soient entendus, respectés et mis à contribution dans la recherche de réelles solutions porteuses.
L’amélioration de l’accès aux soins est indissociable de l’imputabilité et de la responsabilité collective de tous les acteurs du réseau, corps médical et gestionnaires, autant que gouvernement. Le contexte social et démographique du Québec influence aussi les besoins de santé de sa population : il faut en tenir compte pour proposer un panier de soins adéquat. Et plutôt que la coercition, qui entraîne inévitablement la démotivation, c’est la collaboration et la revalorisation qu’il faut encourager. Voilà pourquoi le Collège plaide pour la tenue de vastes états généraux de la santé pour repenser le réseau dans sa globalité plutôt que de colmater ses brèches à l’emporte-pièce, de façon décousue et au cas par cas.
Êtes-vous du même avis? Parmi tous les grands dossiers de santé à l’ordre du jour, cet automne au Québec, lequel retiendra surtout votre attention? Faites-nous part de votre opinion en consignant vos commentaires dans la rubrique Forum de l’Info Collège. Il nous tarde de vous lire!
Bonne rentrée!

Mauril Gaudreault, M.D.,
Président du Collège des médecins du Québec
Dans le cadre de ses fonctions, il représente le Collège auprès des instances politiques et de divers partenaires afin d'en assurer le rayonnement. Il s'assure que les services de l'ordre reflètent bien sa mission, soit de protéger le public en offrant une médecine de qualité.