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5 questions au Dr Laurent Mottron

Actualités

03/26/2024

1. Pourquoi souhaitiez-vous devenir médecin?

Je viens d’une famille particulièrement éprouvée par des problèmes de santé mentale. Plusieurs de mes proches en ont souffert, ce qui a été très lourd pour moi durant l’enfance. En grandissant, j’ai voulu mieux comprendre les différentes formes de marginalité que j’observais au sein de ma famille. La médecine ne m’attirait pas au départ, d’autant que mon père était médecin et que je souhaitais me dissocier du moule familial. Toutefois, comme il s’agissait d’un passage obligé vers mon champ d’intérêt qui était la psychiatrie, j’ai tout de même choisi d’entreprendre des études en médecine

2. Qui vous a particulièrement inspiré?

Durant mes études au lycée, en France, je me souviens d’une enseignante de français-latin-grec qui m’a donné ce conseil : « Faites donc quelque chose de difficile, la médecine par exemple, cela vous fera du bien! » Voyant que j’étais un adolescent agité, elle percevait sûrement le risque que je glisse sur une mauvaise pente. Ce conseil était certes intrusif et outrepassait le cadre pédagogique, mais je ne l’ai jamais oublié. Il m’a en quelque sorte sauvé la vie!

Mention de source : Michel Huet

3. Comment se sont déroulées vos études en médecine?

Les études en médecine m’ennuyaient quelque peu, jusqu’à ce que je plonge dans l’univers de la psychiatrie! En parallèle de ma formation en médecine, j’ai également obtenu un doctorat en linguistique.

Initialement, je souhaitais me consacrer à la recherche en psychiatrie, et c’est justement à titre de chercheur universitaire que je suis venu m’établir au Québec. Mon intérêt pour la pratique clinique s’est développé plus tard, au contact de médecins extraordinaires qui m’ont inspiré. Aussi, j’ai peu à peu découvert que toutes les connaissances acquises grâce à la recherche pouvaient servir à aider des gens. J’ai alors réalisé à quel point j’exerçais une sacrée belle profession!

« Ce chercheur innovateur bouscule les normes et n'hésite pas à prendre le contrepied des idées et des usages pour promouvoir plus de découvertes et favoriser le bien-être des personnes autistes. »

- Dr Patrick Cossette, doyen, Faculté de médecine de l'Université de Montréal

- M. Daniel Sinnett, directeur de la recherche et de l'innovation, CIUSSS NIM

4. Avez-vous été témoin d’un petit geste, dans le réseau de la santé, qui a amélioré la vie quotidienne des patientes et des patients?

Il ne s’agit pas d’un geste précis, mais de manière générale, j’ai l’impression que la gentillesse s’est largement imposée comme valeur au sein de la profession. L’arrogance que pouvaient afficher certains médecins, il y a une trentaine d’années, n’a plus sa place. Aujourd’hui, le respect et la bienveillance sont de mise dans toutes les interactions avec les patientes et les patients.

5. Quelle problématique vous apparaît prioritaire dans le réseau de la santé?

Il m’apparaît primordial de créer davantage de canaux de communication entre les décideuses et décideurs et les expertes et experts sur le terrain. Ces derniers devraient être plus souvent consultés afin d’orienter les politiques de santé publique à partir des données issues de la recherche scientifique. Ces données, qui servent la science, peuvent aussi être mises à profit afin de servir l’ensemble de la société.

Le Dr Laurent Mottron en 3  faits saillants

  • Sommité internationale en matière de recherche sur l’autisme, le Dr Mottron se distingue par sa contribution à l’avancement des connaissances sur le cerveau autistique, ses prises de position sociétales et l’impact de ses découvertes sur le bien-être des personnes autistes.
  • Ses travaux ont mis en lumière la façon dont les autistes comprennent et perçoivent le monde, et ont mené à l’élaboration de nouvelles méthodes d’intervention thérapeutiques.
  • Sa collaboration soutenue avec des chercheuses et des chercheurs autistes a servi de modèle à l'échelle mondiale et contribué à donner une place à l'intelligence autistique en science.
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