La décote du réseau de la santé

Cette situation nous préoccupe grandement, parce que la capacité du gouvernement à emprunter pour des travaux majeurs d’infrastructures sera dorénavant plus coûteuse, voire limitée, ce qui ne fera qu’empirer la décrépitude de certains établissements. En effet, dans les hôpitaux cotés D et E, la mise en place de conditions appropriées pour offrir des soins sécuritaires et de qualité aux patients et permettre aux soignants d’exercer dignement est déjà lourdement compromise. De tels lieux de travail ne constituent pas, non plus, une source d’attractivité pour le personnel qui lorgne de plus en plus les installations du secteur privé.

Pour justifier le report de travaux d’envergure pourtant annoncés et confirmés, le gouvernement avance que certains établissements ont encore plus besoin de réfection que l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont! Cette décrépitude, nous en avions brossé un portrait à grands traits dans nos deux rapports de tournée des pôles en santé, en 2023 et 2024. Cela en dit long sur le piètre état de nos infrastructures!

Comment en sommes-nous arrivés là?

Cette question est sur toutes les lèvres alors qu’à son arrivée au pouvoir, le gouvernement nageait dans les surplus. Bien qu’une partie de ces surplus ait été utilisée pour des investissements majeurs dans le réseau de la santé et des services sociaux, on peut se questionner : cela était-il suffisant au regard de l’état des lieux? Il y a des décennies que l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont « tient avec de la broche ». Au fil du temps, la vermine a fini par s’y installer.

Dans le contexte financier actuel, le public et les médecins sont en droit de se demander : mais pourquoi, alors, avoir annoncé, la semaine dernière, des contrats de soutien en ingénierie de plus de 60 M$ pour un éventuel 3e lien à Québec? Une telle décision est de nature à nourrir la méfiance quant à la pertinence des choix faits par le gouvernement et les priorités sur lesquelles ils reposent.

Consulter le public et les médecins

C’est pourquoi le Collège des médecins propose que soit tenue une consultation nationale sur les priorités québécoises en santé. Le modèle du réseau public, tel que nous le connaissons aujourd’hui, a été érigé il y a plus de 50 ans. Depuis, la population québécoise a vieilli, la médecine a évolué et la pratique médicale aussi. Il faut marquer un temps d’arrêt et bien examiner les choses afin de faire des choix qui assureront la pérennité de notre réseau. Nous devons, par exemple, étudier le financement des infrastructures, l’accès aux soins, les conditions d’exercice, la place du privé en santé et le panier de soins et services. Le public et les médecins sont en droit de se prononcer sur les choix qui affectent, d’une part, l’accès aux soins des patients et, d’autre part, les conditions de pratique du personnel soignant.

Je vous invite à vous prononcer sur la pertinence d’une telle consultation publique en répondant en très grand nombre au sondage se trouvant dans votre Info Collège.

Mauril Gaudreault, M.D.,
Président du Collège des médecins du Québec


Dans le cadre de ses fonctions, il représente le Collège auprès des instances politiques et de divers partenaires afin d'en assurer le rayonnement. Il s'assure que les services de l'ordre reflètent bien sa mission, soit de protéger le public en veillant à une médecine de qualité.