La patientèle, clé de voûte du système de santé

Lisez le mot du président du 10 octobre 2025.

Le week-end dernier, à Rivière-du-Loup, quelque 350 personnes assistaient au panel sur les soins privés en santé et services sociaux, dans le cadre du congrès annuel du Regroupement provincial des comités des usagers (RPCU). Le Collège des médecins, l’Ordre des travailleurs sociaux et thérapeutes conjugaux et familiaux, de même que l’Ordre des optométristes du Québec y ont pris part, ainsi qu’une chercheuse de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).

Un constat unanime

Le constat tiré est limpide et unanime : en santé, le réseau privé demeure peu accessible aux personnes vulnérables. Il accentue même les inégalités sociales et diminue la satisfaction générale, de la population québécoise comme du corps médical, envers le réseau public.

Les principes directeurs sur la place du privé en santé, que le CMQ a énoncés en novembre 2024, visent à assurer la pérennité d’un réseau universel et accessible, aux quatre coins du Québec. Face, entre autres, aux difficultés grandissantes d’accès, à l’exode des ressources vers le privé et à l’allongement des listes d’attente en chirurgie, il faut mieux encadrer les modalités des soins offerts par le privé. Et pour que patients et soignants y trouvent équitablement leur compte, la contribution du privé à notre réseau de la santé doit être balisée par le système public.

Lors du sondage éclair que nous avons mené durant un webinaire, le printemps dernier, 45 % des quelque 1 700 médecins en ligne avouaient avoir déjà songé à quitter le public pour le privé. La désaffiliation est, de fait, très similaire entre les médecins de famille (5 %) et ceux d’autres spécialités (3 %). À titre comparatif, l’Ontario ne compte que 14 médecins en pratique privée, la désaffiliation du régime public y étant interdite depuis 2003.

Un droit fondamental

Nos législations doivent continuer à protéger, favoriser et améliorer le bien-être physique et mental de la population. L’universalité, l’équité et la pérennité du réseau public de santé québécois doivent, en conséquence, être assurées.

Sur plusieurs tribunes et depuis près d’un an, le Collège fait des représentations en ce sens. D’autant que, selon les chercheurs, aucune étude n’a pu démontrer que l’existence d’un réseau privé améliorait l’accès aux soins. La main-d’œuvre soignante étant répartie entre deux systèmes, les heures de dispensation des soins n’augmentent pas et une compétition entre les deux systèmes surgit, faisant grimper le coût de la main-d’œuvre. Et autre conséquence de tout cela : les inégalités sociales se creusent.

Comme je l’ai dit durant la table ronde organisée par le RPCU, nous gagnons, comme société, à positionner l’humain au cœur de notre système de soins. La relation patient-médecin serait alors mieux moulée aux besoins et au ressenti des individus, ce qui permettrait de mieux les diriger vers le professionnel de la santé le plus approprié. L’interprofessionnalisme est une avenue à privilégier : tout le monde le dit. Une vaste réflexion nationale sur l’avenir de notre système de santé et de son panier de soins en est une autre.

Faites-nous part de votre opinion sur le sujet dans la rubrique Forum de l’Info Collège.

Mauril Gaudreault, M.D.,
Président du Collège des médecins du Québec


Dans le cadre de ses fonctions, il représente le Collège auprès des instances politiques et de divers partenaires afin d'en assurer le rayonnement. Il s'assure que les services de l'ordre reflètent bien sa mission, soit de protéger le public en offrant une médecine de qualité.