Titre mot du président

Lisez le mot du président du 17 octobre 2025.

Il est sans doute temps de se pencher sur une utilisation porteuse et éthique de l’IA en santé. Et sur les bénéfices concrets qu’elle pourrait apporter au corps médical comme à la population en général. Mais il faut que les choses se fassent dans le respect des humains, de la science et de la profession médicale, en toute transparence et avec considération et intelligence. Pas question de tourner le dos aux savoirs cliniques, de déshumaniser les soins, ni de mettre leur qualité dans la balance!

Délester la charge administrative

Santé Québec semble vouloir saisir la balle au bond. La société d’État nous annonçait, au courant de l’été, souhaiter lancer – en 2026 – un projet pilote d’IA pour la prise de notes (cliniques et non cliniques), destiné aux professionnels de la santé. Des travaux seraient en cours afin d’évaluer les options possibles : le but étant d’éventuellement « homologuer » une solution nationale déployée sur l’ensemble du territoire québécois.

Le Collège accueille l’initiative d’un bon œil. Dans un mémoire que nous avons déposé en commission parlementaire, à l’automne 2024, nous avons plaidé pour que soient analysées à intervalles réguliers les façons de faire afin que le poids de la bureaucratie qu’on fait porter aux médecins soit allégé et qu’ils puissent se consacrer davantage aux soins directs au public. Même notre mémoire sur le PL 106 allait en ce sens : « [Il faut que] le financement des soins et des services de la première ligne soit conséquent avec les besoins populationnels actuels et les ressources requises par les soignants », pouvait-on y lire. Et sachant le nombre d’heures que passent chaque semaine les médecins à remplir de la paperasse et à consigner des informations dans les dossiers cliniques de leur patientèle, cela passe, inévitablement, par une mise à niveau des outils technologiques du réseau.

Responsabiliser tout le monde

L’amélioration de notre réseau, au même titre que l’élargissement de son accès, passe aussi par la responsabilisation de toutes les parties prenantes impliquées dans les soins de santé et les services sociaux. Par exemple, pour que les patients se présentent à leurs rendez-vous en temps et lieu, encore faut-il leur faciliter la tâche!

À l’heure actuelle, les façons de faire varient d’un hôpital, d’un cabinet ou d’un GMF à l’autre. Il faut parfois appeler pour officialiser une consultation, l’annuler ou la replanifier, au risque de se heurter à quantité de boîtes vocales, à des transferts incessants d’un département à un autre ou à d’interminables attentes au bout du fil. Il faut, d’autre fois, envoyer une demande par courriel, se brancher sur un portail complexe, attendre longuement un retour d’appel ou pire, se rendre en personne sur les lieux de la consultation.

Rendez-vous santé Québec (RVSQ) et Clic Santé demeurent bien sûr des solutions utiles qui sont largement implantées. La plateforme RVSQ permet de prendre gratuitement rendez-vous, en première ligne, avec son professionnel de la santé attitré, un autre professionnel du GMF fréquenté ou un exerçant dans une clinique se trouvant à proximité. Le portail Clic Santé permet, quant à lui, de prendre rendez-vous avec divers types de professionnels. Mais il a connu plusieurs ratés au fil des années : rendez-vous octroyés en surcapacité durant la pandémie, ennuis techniques dus à un achalandage trop important, absence de plages horaires disponibles pour de nombreux médecins, coûts à débourser pour garantir un rendez-vous, etc.

Faire fleurir nos talents

Nous sommes en 2025 : la population québécoise, en grande majorité, a accès à un ordinateur et/ou à un téléphone intelligent, voire aussi à une tablette électronique. Des applications rendent d’autres de nos tâches quotidiennes simples comme un jeu d’enfant! Pourquoi est-ce impossible en santé? Convivialité, sécurité des renseignements personnels et efficacité peuvent coexister. Des rappels de rendez-vous peuvent être programmés par courriel ou par texto, et des confirmations exigées en retour. D’autres juridictions l’ont prouvé avec brio, ailleurs au pays ou dans le monde. Et le Québec est pourtant très talentueux en matière d’IA et d’informatique…

Santé Québec doit donc repenser les choses et bien faire le travail. L’accessibilité du portail doit être soignée, afin qu’aucune patientèle ne soit délaissée : actuellement, comme le rapportait un reportage de Radio-Canada, les personnes aveugles qui s’aventurent sur Clic Santé se heurtent à quantité d’obstacles et de barrières. La littéracie des individus étant variable au Québec, et l’âge de la population allant en s’accroissant, il faut aussi que la pédagogie et l’accompagnement soient au rendez-vous.

Agir efficacement et en collaboration

Il faut optimiser les choses au bénéfice de toutes les parties prenantes. Il nous faut donc des solutions informatiques nationales et centralisées, pas d’initiatives locales et à la pièce qui sont incompatibles d’un établissement à l’autre et peu viables à long terme. Et pour y parvenir, il faut mettre à contribution tous les professionnels et les ressources impliqués sur le terrain, y compris les patients partenaires et les comités d’usagers: il faut une solution efficace et adaptée, susceptible de rallier tout le monde, de refléter l’organisation actuelle des soins et de faciliter la vie de tout le monde.

Quels sont vos enjeux avec les plateformes de prise de rendez-vous? Avez-vous recours déjà à l’IA? Partagez votre point de vue avec la communauté médicale dans la section Forum de votre Info Collège. Nous vous lirons avec intérêt!

Mauril Gaudreault, M.D.,
Président du Collège des médecins du Québec


Dans le cadre de ses fonctions, il représente le Collège auprès des instances politiques et de divers partenaires afin d'en assurer le rayonnement. Il s'assure que les services de l'ordre reflètent bien sa mission, soit de protéger le public en offrant une médecine de qualité.

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