Lettre ouverte – PL 7

Lisez le mot du président du 5 décembre 2025

INESSS-INSPQ

L’INSPQ joue un rôle clé en matière de surveillance, de promotion de la santé, de prévention des risques et d’analyse des menaces émergentes, de manière à protéger adéquatement la population, tant en matière de maladies chroniques ou infectieuses que de pandémies. Ce continuum de compétences est essentiel, car il soutient bon nombre d’instances : directions régionales de santé publique, milieux cliniques, décideurs gouvernementaux, etc.

Avec la fusion envisagée de l’INESSS et de l’INSPQ, et leur refonte en Institut québécois de santé et de services sociaux (IQSSS), il est légitime de craindre une certaine dilution de la santé publique au Québec, qui constitue pourtant un pilier fondamental de notre système. Je souligne que le Collège a l’habitude de collaborer, à intervalles réguliers, avec l’INESSS. Il nous apparaît donc primordial que la mission de cet organisme soit préservée et que toute la latitude nécessaire pour la mener à bien lui soit accordée.

L’expertise et l’indépendance à préserver

Il faut s’assurer d’une santé publique forte, autonome et exempte d’emprise politique. Il faut veiller à ce que les décisions de santé du gouvernement soient ancrées dans des données scientifiques probantes. Il faut préserver l’expertise médicale, de manière à maintenir la qualité et la continuité des soins. Tout cela, au nom de la santé et du mieux-être de la population qui doit compter sur des organismes solides et aptes à la protéger, en surveillant et en analysant les menaces émergentes afin de prévenir comme il se doit les risques. L’atteinte de l’efficacité recherchée par le gouvernement ne doit pas se faire au détriment de l’indépendance des structures visées.

Héma-Québec et Transplant Québec

Le PL 7 prévoit de confier à Héma-Québec la coordination des dons et transplantations d’organes, ce qui fait craindre pour la continuité et la qualité des soins. Nous l’avions dit en commission parlementaire l’an dernier : des ressources dédiées et financées spécifiquement pour prélever et transplanter les organes et les tissus, de même que pour prendre en charge les donneurs et leurs familles, sont nécessaires. Cela requiert une expertise pointue et approfondie.

Des leçons à tirer

La pandémie de COVID-19 nous a fait réaliser qu’il était nécessaire de disposer de ressources humaines et matérielles suffisantes pour consolider les systèmes de surveillance, de prévention, de protection et de promotion. Tout cela, afin que la santé publique puisse s’acquitter de son mandat et que la population soit bien protégée. Nous avons d’ailleurs réclamé que le directeur national de santé publique ne soit pas aussi sous-ministre au sein du gouvernement, pour assurer sa totale indépendance.

La centralisation des pouvoirs, ainsi que les réorganisations et compressions massives survenues ces derniers mois dans les agences fédérales de santé américaines ont réduit les capacités scientifiques autonomes, entraînant des interruptions de programmes essentiels, aggravant les iniquités en santé et politisant les décisions au détriment de la science. Le Québec doit éviter de s’engager dans de telles dérives.

Laboratoires

Par ailleurs, les activités de laboratoire et de prévention doivent continuer d’être bien financées, car le bien-être de la population est tributaire de nos actions sur les déterminants sociaux de la santé. Le CMQ craint que le PL 7 n’entraîne une perte d’expertise, une dilution des priorités en santé publique et qu’il porte atteinte à la protection du public.

Mauril Gaudreault, M.D.,
Président du Collège des médecins du Québec


Dans le cadre de ses fonctions, il représente le Collège auprès des instances politiques et de divers partenaires afin d'en assurer le rayonnement. Il s'assure que les services de l'ordre reflètent bien sa mission, soit de protéger le public en offrant une médecine de qualité.

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