Pratiquer au Nunavik
Dans le cadre de sa tournée des pôles en santé, le Collège dresse de premiers constats sur la pratique difficile des médecins au Nunavik.
Nous avons entrepris la seconde partie de notre tournée des pôles en santé ce mercredi avec une visite à l’établissement de Kuujjuaq. Jamais le Collège n’a effectué pareille tournée dans le Nord-du-Québec.
Au bout d’une seule journée, il nous apparaissait déjà que les conditions d’exercice n’ont rien à voir avec celles que l’on retrouve ailleurs au Québec. Le renfort promis, après un appel désespéré à l’armée il y a quelques mois, n’est toujours pas arrivé.
Une installation de santé au NunavikLes médecins qui se rendent au Nunavik pour quelques semaines chaque mois font preuve d’un grand engagement envers la communauté qu’ils desservent.
Il y a d’abord le contexte particulier d’une population autochtone, répartie dans 14 villages sur un gigantesque territoire qui n’est accessible par aucune route, seulement par voie aérienne.
Des défis humains et matériels
Ensuite, au Nunavik, il n’y a ni bloc opératoire, ni lits de soins intensifs, ni CT scan, ni médecins spécialistes à temps plein sur place, ni laboratoire pour les tests spécialisés.
Les enjeux socio-médicaux vécus dans la région n’ont pas de commune mesure avec ceux que l’on retrouve ailleurs dans la province, avec une espérance de vie d’une douzaine d’années sous la moyenne québécoise, un taux de mortalité infantile 6 fois plus élevé, un taux de suicide 10 fois supérieur et des cas de tuberculose 300 fois plus nombreux.
Les médecins qui pratiquent au Nunavik sont confrontés au quotidien à des barrières linguistiques et culturelles importantes chez une population vulnérable aux prises avec des problèmes d’alcoolisme et de toxicomanie qui engendrent des violences de toutes sortes. C’est sans oublier les enjeux liés aux logements surpeuplés. Chaque jour, c’est une course contre la montre pour acheminer en évacuation médicale aérienne les patients qui nécessitent des soins aigus. Il faut conjuguer avec les conditions météorologiques, ce qui s’ajoute au reste.
Ces médecins mènent un combat quotidien pour obtenir des ressources humaines et matérielles afin de desservir la population. Ils se butent malheureusement à des décisions administratives basées sur des ratios qui ne peuvent s’appliquer dans un contexte de pratique aussi lourd. Nous y reviendrons la semaine prochaine.
Jusqu’à maintenant, nous avons rencontré le PDG de la Régie régionale de la santé et les PDG des deux établissements de Kuujjuaq et d’Inuulitsivik, les médecins du CMDP, ceux du DRMG, la DSP, le commissaire aux plaintes, la présidente du CMDP des sages-femmes et des représentants des communautés. Notre visite à Kuujjuaq se poursuit ce vendredi et samedi.
Plus tard dans l’année, nous nous rendrons sur la Côte-Nord, en Gaspésie, aux Îles-de-la-Madeleine, à Lévis et dans deux importants centres hospitaliers de Montréal.