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Joignez-vous à la conversation! Les membres sont invités à réagir au mot du président et aux prises de parole du Collège des médecins. Nous diffusons dans cette page les commentaires reçus dans la dernière semaine. Les commentaires reçus font l'objet d'une révision linguistique sommaire sans que l'essence du message ne soit dénaturée.

Votre pratique subit-elle les contrecoups des publicités pharmaceutiques?

En tout, 15 messages ont été envoyés en réponse à la question : 13 sont pour un meilleur encadrement des publicités, 1 est opposé et 1 avis est neutre.


La FMOQ a fait une grande tournée des associations à l'automne dernier pour consulter les médecins sur le réseau de la santé. Tous les médecins furent invités aux assemblées générales et aux ateliers. Je pense que ceux qui pensent que rien ne se fait devraient se tenir davantage aux courants des travaux de leur fédération.

En ce qui concerne les compagnies pharmaceutiques, je suis bien d'accord qu'on a un message à passer là-dessus. Dans ma pratique, je vois 2 impacts actuellement. Les médicaments pour la perte de poids et le traitement de l'onychomycose. On voit bien que la publicité rejoint la population. Quelques-uns de mes rendez-vous ont été pris pour avoir la médication miracle pour la perte de poids.

D'un autre côté, rares sont ceux qui viennent juste pour l'onychomycose. Souvent, ils ont une autre problématique et veulent me montrer leurs ongles d'orteils en fin de rencontre. Le problème avec l'onychomycose est souvent que l'atteinte de l'ongle dépasse les indications pour les traitements de type topique. Le traitement per os comporte beaucoup d'effets secondaires (et doit se faire sur 3 mois). Et idéalement, il faut confirmer l'infection avec un prélèvement, pour différencier de l'onychodystrophie (très fréquente aussi), test qui n'est pas très accessible depuis la pandémie. Aussi, ayant posé la question au conseil numérique en microbiologie, les avis sont très partagés chez les spécialistes. Certains traitent, d'autres discartent totalement la problématique en spécifiant que ce n'est qu'esthétique et sans conséquence réelle.

Je pense néanmoins que le message des compagnies pharmaceutiques devrait être « parlez-en à votre pharmacien » plutôt que « parlez-en à votre médecin ».

- Émilie Boisvert, M.D.


Elles ont un impact. Je suis microbiologiste et nous avons vu une augmentation significative des demandes de culture d'ongle pour recherche de mycose chaque fois que la publicité sur la mycose de l'angle était diffusée. Nous avons même dû mettre en place des critères de pertinence pour trier les spécimens.

- Anaïs Lauzon-Laurin, M.D.


Oui, les Ozempic, Rebellius et Contrave principalement.

- Nathalie Denault, M.D.


Oui c’est scandaleux que les patients se fassent plus ou moins insuffler l’idée de réclamer ce médicament de leur médecin pour une indication elle aussi suggérée (poids). Il y a des lois qui régissent la publicité. Les gouvernements se sont laissés dépasser. Ignorance ou intérêt? Je n’ai pas vu de protestations de l’Ordre des pharmaciens alors que des patients diabétiques ont de la difficulté à se procurer ce médicament qui leur est prescrit pour la bonne indication … Conflit d’intérêt? La valeur de Novo Nordisk (d’origine danoise ) dépasse le budget du Danemark. Le rêve pour toute compagnie pharmaceutique… félicitations aux chercheurs qui ont probablement moins profité de la manne que les actionnaires!

- Francoise Jasserand, M.D.


Pourquoi ne pas responsabiliser le Conseil consultatif de publicité pharmaceutique (CCPP) aussi connu sous leur nom anglais de PAAB The Pharmaceutical Advertising Advisory Board. On ne peut parler de la maladie avec le nom d’un médicament et vice-versa
Pourquoi ne pas les responsabiliser de ne pas ennuyer les médecins avec leurs messages?

- Marc Steben, M.D.


Oui, toutes les publicités sur le Semaglutine sont scandaleuses jouant avec la loi qui interdit les publicités de produits pharmaceutiques nouveaux (on a eu Tylenol robaxacet voltaren gel ça passe encore on parle de douleur) là on insinue (amaigrissement on se fiche bien des diabétiques chez qui ça peut être indiqué ) une indication … et on implique une pression sur le médecin qui serait bien méchant de ne pas vouloir le prescrire pour une raison éventuellement futile … Les lois provinciales et fédérales se sont fait dépasser par négligence ou intérêt financier. On peut avoir un doute.

- Françoise Jasserand, M.D.


Je voulais premièrement vous remercier pour votre prise de position sur les publicités pharmaceutiques! Je me demandais si vous aviez prévu faire une prise de position ou faire une étude sur l'impact des réseaux sociaux/documentaires sur la prise d'hormones chez les hommes/femmes cis et l'utilisation de chatGPT sur l'augmentation des demandes de consultation en première ligne? Je n'ai que mon expérience personnelle, mais je remarque une explosion de demandes de consultations avec moi et mes collègues pour demander dosage des hormones, demander des ordonnances de testostérone et des demandes d'examens divers après avoir vu des publications Instagram ou après avoir consulté chatGPT? J'ai fait de la formation continue suite à cela pour pouvoir être mieux outillée à répondre à ces questions, mais j'étais curieuse à savoir si cela un impact sur la consommation des soins de première ligne au Québec?

- Alexandra Hamel, M.D.


Oui, de plus en plus, nous avons des vagues de consultations médicales qui sont le résultat direct des campagnes publicitaires des compagnies pharmaceutiques ou de « médecins experts » qui passent à la télé. On a les exemples de l'onychomycose, l'hormonothérapie et la perte de poids (semaglutide).

Quand les patients arrivent avec des attentes et des demandes, il y a de la pression sur le médecin pour acquiescer, même si ce n'est pas soutenu par les données probantes, même si c'est en dehors des indications officielles ou des lignes directrices. Sur une échelle populationnelle, cela peut causer des torts pour les patients qui reçoivent des traitements non indiqués et cela engendre des coûts supplémentaires au système de la santé. De plus, le nombre de consultations moins pertinentes augmente.

Je pense que les médecins et le CMQ ont un rôle important à jouer : en autres, mettre de la pression sur nos gouvernements pour mieux baliser le marketing pharmaceutique, ou carrément le bannir.

- Sophie Zhang, M.D


Il ne faut pas oublier les publicités sur l’onychomycose… Beaucoup de ressources mobilisées pour les anomalies unguéales alors que les patients attendent pour faire évaluer un cancer de peau.

- Élizabeth Guay, M.D.


Bonjour. Je suis médecin retraité. Je peux parler du passé, mais aussi du présent concernant ces publicités. Quand un médicament jouit d’une publicité agressive, cela allume une lumière rouge pour moi. Je pense toujours à une citation de Lucien Bouchard sur les négociations. On doit agir vite pour ne pas éveiller des soupçons. C’est l’art de plumer une poule le plus vite possible avant qu’elle ne crie. Ou l’art de vendre le plus de pilules possible avant que les médecins s’aperçoivent qu’elle n’est pas si bonne que ça.
Je me rappelle Baycol, Vioxx et Rasilez.

Les 2 derniers médicaments ont bénéficié d’une publicité agressive pour être retirés du marché pour Vioxx (insuffisance cardiaque) et recevoir de fortes limitations de l'indication pour Rasilez. Je pense aussi à Viagra que je n’ai que très peu prescrit malgré plusieurs demandes. Il y avait de fortes contre-indications dans plusieurs cas. Le seul avantage que j’y ai trouvé, c’est que les hommes viennent consulter et j’ai pu découvrir des facteurs de risque importants comme le diabète, l’hypertriglycéridémie etc. C’est l’occasion aussi de discuter de la sexualité. Tout n’est pas blanc ou noir. Actuellement, je reçois souvent des demandes d’information sur Rybelsus et Ozempic. A part leur dire que je déteste la publicité, tellement elle est mal faite, je réponds que je ne connais pas ces médicaments qui sont sortis pendant que je travaillais en santé publique. Toutefois cela permet d’amorcer une discussion sur le poids et ses facteurs de risque. On parle sédentarité, alimentation et de ne pas s’occuper du poids sur la balance, la mesure de la circonférence abdominale étant plus fiable. Je ne recommande pas de niveau d’activité minimale. Tout ce qui est plus que maintenant pour un sédentaire est un plus si c’est régulier et en voie d’augmentation.

Je pense que la solution est de consulter un.e professionnel.le de la santé médecin ou pas, retraité ou pas. Les retraités, on a notre rôle à jouer dans la prévention primaire qui demeure la base. Est-ce que le 811 pourrait être une solution pour discuter santé?

- Gilles Labrecque, M.D. retraité


L'implication du Collège est appréciée mais je tiens à corriger le Mot du président. Ce ne sont pas seulement les médecins de famille qui sont touchés par la publicité des pharmaceutiques. Il y a des compagnies pharmaceutiques qui sont de bons citoyens corporatifs mais d'autres visent le profit à tout prix.

C'est une pratique bien difficile à encadrer car aux USA, la publicité est permise et les réseaux sociaux sont bourrés d'annonces de médicaments x, y et z et il n 'y a pas de frontières empêchant la libre circulation de ces informations.

- Francine Cardinal, M.D.


Le principal exemple qui me vient en tête est l’annonce sur la mycose des ongles. Ça fait des années que ça roule et c’est rare de passer une semaine sans se faire montrer un ongle à cause de cette publicité. J’en parlais récemment avec une collègue microbiologiste qui me disait que la quantité de culture d’ongle était effectivement beaucoup plus grande depuis l’annonce. L’enjeu n’est pas juste notre temps, mais aussi des dépenses inutiles pour des cultures, des suivis de culture, des traitements PO, des contrôles de bilan hépatiques durant le traitement pour une pathologie esthétique. Quand on pense aux coupures budgétaires actuelles, il y aurait certainement un gain à faire avec une contre-annonce « svp arrêtez d’en parler à votre médecin ». Il serait effectivement temps de mieux réglementer ces publicités.

- Mathieu Flamand. M.D.


Je trouve ces publicités mensongères et fallacieuses. J’aimerais que cela soit encadré... merci

- Stéphane Calabrese, M.D.


À l’ère de la connaissance, de l’information et de la communication, je verrais mal pourquoi il faudrait restreindre le droit aux compagnies pharmaceutiques de faire des messages grand public. Elles soutiennent d’abord les médias qui ont grand besoin de leurs placements publicitaires. De plus il s’agit souvent de compagnies pharmaceutiques qui investissent en recherche et développement et qui apportent de grandes découvertes et innovations en matière de soins et d’amélioration de la santé, tout au contraire des fabricants de médicaments génériques qui font leur marketing en versant de généreuses ristournes à d’autres professions. Par leur publicité grand public, qui doit de toute façon respecter un cadre règlementaire, ces compagnies renseignent les gens et les réfèrent à leur médecin pour obtenir de l’information sur le traitement, ce qui est encore aujourd’hui à mon avis un rôle essentiel du médecin. À moins que la profession médicale ne veuille encore une fois se désengager d’une responsabilité au profit de d’autres professionnels de la santé. Penser que la publicité télévisuelle est un facteur important à l’inaccessibilité aux soins de santé est tout de même un peu tordu. Et l’interdire encore plus. Le temps de l’inquisition est depuis longtemps révolu.

- Jacques Desroches, M.D.


Merci au Collège d’avoir soulevé ce problème. Il pourrait aller plus loin. Pourquoi ne pas suggérer au gouvernement de lui-même utiliser la publicité pour informer la population sur des enjeux de santé, comme pendant la pandémie? Le GAP peut facilement documenter les principales consultations peu pertinentes et permettre au gouvernement d’ainsi agir en amont. Par exemple, quand consulter pour un mal de dos, pour un problème de congestion nasale, etc. Si les publicités fonctionnent tant, utilisons-les de façon constructive!

- Mathieu Brouillet, M.D.