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Prévenir la toxicité liée à l’acétaminophène : intervenir tôt!

Avis du coroner

06/12/2023

Illustration d'une discussion entre un médecin et un patient

À la suite du décès[1] d’un patient avec une atteinte hépatique et une intoxication probable à l’acétaminophène, le coroner a demandé au Collège des médecins du Québec, à l'Ordre des pharmaciens du Québec et à l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec de sensibiliser leurs professionnelles et professionnels à l’usage optimal de l’acétaminophène et aux risques liés à sa consommation afin qu’à leur tour ils puissent éduquer leurs patientes et patients, leurs familles et leurs proches, et qu’ils les mettent en garde.

Selon le rapport d’investigation du coroner, le Centre antipoison du Québec a dénombré 3 404 intoxications à l’acétaminophène en 2022, auxquelles il faut ajouter 1 917 polyintoxications incluant cette molécule. De ces intoxications, près des trois quarts concernaient une erreur de dosage.

Les professionnelles et professionnels de la santé impliqué.es peuvent intervenir à plusieurs moments afin de prévenir ce type d’intoxication :

En tout temps :

  • Questionner régulièrement la patiente ou le patient sur sa consommation d’acétaminophène en vente libre (sans oublier les formulations où il est combiné à d’autres médicaments) et ajuster sa médication en conséquence.
  • Aviser la patiente ou le patient des effets secondaires de l’acétaminophène, ainsi que des risques d’hépatotoxicité.
  • Informer la patiente ou le patient que l’acétaminophène est disponible sous plusieurs formes (gouttes, sirop, comprimés, etc.) ainsi qu’en combinaison avec d’autres médicaments (contre la douleur, les IVRS, etc.). Lui rappeler qu’il est donc primordial de vérifier la quantité d’ingrédients actifs dans chaque médicament afin de s’assurer de ne pas dépasser les doses suggérées. En cas de doute, une consultation auprès d’une pharmacienne ou d’un pharmacien est recommandée.
  • Réévaluer la pertinence d’une prise chronique d’acétaminophène.
  • Réévaluer la pharmacothérapie des patientes et patients dont la fonction hépatique est altérée, afin de diminuer ou cesser l’utilisation des médicaments éliminés par la voie hépatique. Cette réévaluation peut notamment se faire en collaboration avec la pharmacienne ou le pharmacien.

Lorsque l’acétaminophène est prescrit :

  • Ajuster la posologie. Pour ce faire, la prescriptrice ou le prescripteur doit moduler la quantité d’acétaminophène prescrit quotidiennement à une patiente ou un patient en fonction notamment de son poids, de sa fonction hépatique, d’une prise aiguë ou chronique, de sa consommation importante d’alcool, de son âge et d’une interaction médicamenteuse. La prescriptrice ou le prescripteur devrait également inscrire sur son ordonnance la dose quotidienne maximale permise. Le pharmacien ou la pharmacienne peut apporter des ajustements au besoin.
  • Préciser clairement, pour les formes liquides, si la dose est prescrite en milligrammes (mg) ou en millilitres (ml), en prenant soin de spécifier la concentration (mg acétaminophène par ml).
  • Favoriser la dose minimale efficace.

Les professionnelles et professionnels de la santé jouent un rôle crucial dans l’éducation des patientes et patients quant à leur condition de santé, aux mesures de prévention à préconiser et aux traitements associés. De fait, ces professionnelles et professionnels doivent sensibiliser les patientes et les patients et les informer des différents aspects reliés à l’usage optimal de l’acétaminophène. Cela peut se faire lors d’une rencontre, mais également par l’entremise d’autres moyens de communication (ex. : feuillets d’information, messages diffusés sur les écrans de télévision des salles d'attente, etc.).

Si une intoxication à l’acétaminophène est soupçonnée, les professionnelles et professionnels de la santé impliqués ne devraient pas hésiter à contacter le Centre antipoison.


[1] Rapport d’investigation du coroner 2023-01127.

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