Le Grand Nord : la difficile réalité

Lisez le mot du président du 19 juin 2025.

Jamais un président du Collège n’était allé au Nunavik prendre la pleine mesure des défis d’accès aux soins rencontrés par la population et des difficultés vécues par le personnel soignant y œuvrant. Je m’y suis rendu pendant 4 jours. Dans le rapport produit à l’été 2024, nous livrions des constats sur l’ampleur des défis et la multitude des obstacles à surmonter sur place (ex. : les déterminants sociaux systémiques, les caprices du climat, l’éloignement, l’étendue du territoire, la rareté des logements, la pénurie de personnel, la rigidité de certaines règles administratives, etc.).

Douze mille Inuit vivent dans les 14 villages du Nunavik, sur un territoire de 500 000 km2. Le quart de la population est concentré à Kuujjuaq, à deux heures d’avion de Montréal. On y dénombre deux établissements de santé : le Centre de santé Inuulitsivik, à Puvirnituq, le plus au nord des deux; et au sud, à Kuujjuaq, le Centre de santé Tulattavik de l’Ungava, le plus important des deux.

Inimaginable ici!

Il n’y a pas de blocs opératoires 24/7 dans ces deux établissements, pas d’unités de soins intensifs, pas d’examens de radiologie, pas de scans ni de spécialistes à temps plein. Les médecins doivent composer avec une importante pénurie d’infirmières, tandis que les psychologues et les travailleurs sociaux s’y font rares. Et il n’y a pas d’eau courante dans la quasi-totalité des villages.

Il n’y a pas non plus de routes carrossables. Tous les déplacements se font par avion. Les patients qui souffrent de troubles de santé requérant des investigations plus poussées ou des soins médicaux aigus, hors des ressources disponibles sur place, doivent être transférés par avion à Montréal.

Un plan d’action

Un an après la publication de notre rapport, le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, est venu à notre rencontre pour identifier les actions concrètes qui pourraient être posées à très court terme. Son ministère a déjà établi des constats relatifs aux enjeux du territoire, qui commanderont des actions structurantes à plus long terme.

Le Collège dressera une liste préliminaire d’actions en collaboration avec des médecins qui œuvrent depuis de nombreuses années au Nunavik et qui sont à même d’identifier les gestes susceptibles de faire immédiatement une différence dans l’accès aux soins et dans le quotidien du personnel soignant. Nous vous tiendrons informés des avancées de cette démarche.

Il s’agit d’une autre occasion de concrétiser la responsabilité sociale de la communauté médicale envers cet immense territoire et les peuples qui y vivent, de même qu’envers les soignants qui y œuvrent.

D’ici là, je profite de cette dernière infolettre, avant la rentrée, pour vous souhaiter un été agréable et ensoleillé. Si vous avez l’occasion de vous arrêter durant la belle saison, j’espère que cette pause vous permettra de vous ressourcer et de profiter de la présence de vos proches.

Mauril Gaudreault, M.D.,
Président du Collège des médecins du Québec


Dans le cadre de ses fonctions, il représente le Collège auprès des instances politiques et de divers partenaires afin d'en assurer le rayonnement. Il s'assure que les services de l'ordre reflètent bien sa mission, soit de protéger le public en veillant à une médecine de qualité.