Coroner et don d’organes

Lisez le mot du président du Collège du 2 février 2024

L’année commence par deux interpellations du Collège sur des enjeux en santé. La semaine dernière, nous avons formulé nos commentaires dans le cadre de l’enquête de la coroner Julie-Kim Godin. Et nous avons présenté un mémoire devant la Commission de la santé et des services sociaux de l’Assemblée nationale sur le don d’organes, de tissus et le consentement présumé. Ces prises de position se font au bénéfice du public et pour que la pratique médicale évolue au mieux.

Coroner et commission parlementaire

Le Collège s’est exprimé pour faire valoir les intérêts du public dans le cadre l’enquête de la coroner Julie-Kim Godin sur le suicide d’une jeune femme. Et le Collège a présenté un mémoire devant la Commission de la santé et des services sociaux de l’Assemblée nationale sur le don d’organes, de tissus et le consentement présumé. Ces prises de position se font au bénéfice du public et pour que la pratique médicale évolue au mieux.

Des leçons à tirer du décès d’Amélie Champagne

Le décès par suicide d’Amélie Champagne, en septembre 2022, vous a sans doute touché. J’avais écrit à ce sujet, soulignant les années d’errance médicale pour diagnostiquer la maladie de Lyme et les ratés dans sa prise en charge psychiatrique.

Nous avons réitéré à la coroner que la maladie de Lyme est complexe à détecter et que les avis scientifiques la concernant sont partagés. L’évolution des données est changeante, ce qui ouvre la porte à toutes sortes de dérives et thérapies alternatives mitigées, pouvant s’apparenter à un exercice illégal de la médecine.

Dans les circonstances, nous croyons que les médecins doivent continuer de respecter les données de la science et de suivre les protocoles édictés par l’INESSS en matière de dépistage et de traitement.

Par contre, en matière de santé mentale, le réseau semble avoir échappé cette patiente. Jamais une personne ne devrait faire les frais d’une bureaucratie rigide l’obligeant à consulter uniquement dans un établissement associé à son code postal de résidence. Jamais, non plus, une télécopie égarée ne devrait retarder ou entraver une hospitalisation.

Il faut que davantage de ressources de proximité, en santé mentale, soient attribuées à l’échelle de la province. Il faut aussi que s’opèrent, dans les milieux de soins, une collaboration plus étroite et une coordination mieux orchestrée. La notion du secret professionnel doit être comprise par tout professionnel de la santé. Nous ferons d’ailleurs un rappel, prochainement, sur cette question.

Dons d’organes et consentement présumé

À l’Assemblée nationale, nous avons élaboré un mémoire, car ce sujet a des répercussions directes sur les chances de survie des personnes en attente d’organes ou de tissus.

À notre avis, le consentement présumé n’est pas la panacée à l’accroissement des dons et des transplantations. À l’instar d’autres juridictions dans le monde, il faut qu’un ensemble de mesures d’optimisation soit déployé :

  • Instaurer un registre unique de consentement ou de refus;
  • Financer des équipes dédiées à l’organisation des prélèvements et des greffes;
  • Former les professionnels de la santé pour bien identifier les donneuses et donneurs potentiels, et accompagner leurs familles et leurs proches;
  • Élaborer des lignes directrices afin d’éviter la compétition pour l’accès aux unités de soins intensifs et aux salles de chirurgie;
  • Renseigner le public sur le processus de prélèvement et l’importance de faire connaître ses intentions en matière de don d’organes et de tissus.

Le consentement présumé demeure un concept délicat et sensible, qui soulève des enjeux éthiques. Il doit reposer sur un large consensus pour que la question du don d’organes et de tissus s’ancre dans des valeurs de respect, de rigueur et d’intégrité.

Mauril Gaudreault, M.D.,
Président du Collège des médecins du Québec


Dans le cadre de ses fonctions, il représente le Collège auprès des instances politiques et de divers partenaires afin d'en assurer le rayonnement. Il s'assure que les services de l'ordre reflètent bien sa mission, soit de protéger le public en offrant une médecine de qualité.