Une séance de télémédecine avec un médecin

Trouble lié à l’utilisation d’opioïdes durant la pandémie

Prescription d’un traitement par agonistes opioïdes (TAO) durant la pandémie

Malgré la levée de l'urgence sanitaire le 1er juin 2022, le contenu de cet article demeure valide jusqu'à sa révision par un groupe d'experts.

Dans le contexte particulier du trouble lié à l’utilisation d’opioïdes (TUO), il arrive qu’un médecin doive amorcer rapidement un traitement afin d’éviter qu’un retard dans le début de la thérapie entraîne une consommation dommageable pour le patient.

Après discussion avec des médecins travaillant dans ce domaine et en tenant compte notamment des caractéristiques et des besoins de cette population, le CMQ souhaite apporter des précisions en lien avec les téléconsultations pour les patients présentant un TUO.

Prescription des agonistes opioïdes

  • Le renouvellement d’une ordonnance ou la réinduction de la thérapie chez un patient dont le médecin peut confirmer l’histoire médicamenteuse via le dossier médical ou le DSQ est permis par téléconsultation, si le médecin juge que cela est justifié par l’état du patient et que la thérapie antérieure était bien tolérée;
  • L’initiation d’un traitement par agonistes opioïdes (TAO) est autorisée en situation d’urgence lorsque le médecin juge qu’un retard dans le début de la thérapie entraînerait un risque pour le patient et que les conditions énumérées ci-dessous sont respectées.

Conditions nécessaires pour amorcer un TAO en téléconsultation

  1. Le patient a été dirigé vers le médecin par un intervenant expérimenté auprès de cette population (ex. : infirmière, psychologue, travailleur social, intervenant d’un centre de traitement ou de réduction de méfaits). Cet intervenant a communiqué avec le médecin effectuant la téléconsultation.
  2. Le médecin a obtenu toutes les informations1 pertinentes à l’anamnèse, et un examen mental adapté à la situation a été réalisé2.
  3. Le médecin juge qu’un examen physique n’est pas nécessaire ou qu’il pourrait être effectué ultérieurement, en temps opportun. Un examen réalisé par une infirmière pourrait remplacer celui du médecin si ce dernier croit que l’ensemble des tests qu’elle a effectué est suffisant pour le moment. Toutefois, dans les circonstances où un examen physique réalisé par un médecin est jugé nécessaire pour amorcer le TAO, la prescription d’un agoniste ne pourra se faire, et le médecin devra voir le patient en personne pour compléter son évaluation.
  4. Le médecin détient les éléments nécessaires pour poser un diagnostic ou un diagnostic différentiel pertinent.
  5. Le médecin choisit le traitement le plus sécuritaire dans les circonstances et évalue les risques de toxicité, de surdose et de détournement d’opioïdes, en lien avec le traitement lui-même.
  6. Le médecin s’assure d’offrir au patient le suivi nécessaire pour son état, soit par téléconsultation, soit en personne, tout en collaborant avec l’équipe multidisciplinaire en place. Il veille à ce que les examens de laboratoire requis, et le cas échéant un électrocardiogramme (ECG), soient réalisés en temps opportun. Comme mentionné dans les lignes directrices récemment publiées à ce sujet : « Il appartient aux professionnels de convenir d’un plan de traitement adapté à la réalité et aux besoins du patient tout en cherchant le meilleur équilibre en matière de gestion des bénéfices et des risques. » En cette période de pandémie, le médecin doit également mettre dans la balance le risque de contamination à la COVID-19.
  7. La qualité de la prise en charge du patient par le médecin respecte les normes en la matière.

Le CMQ rappelle que cet assouplissement des règles de téléconsultation n’est valide que durant la pandémie de COVID-19. La période de pandémie correspond à la durée de l’urgence sanitaire, décrétée par le gouvernement provincial depuis le 13 mars 2020. Elle prendra fin lorsque le décret sera levé.


1 Selon les lignes directrices portant sur le traitement du trouble lié à l’utilisation d’opioïdes (TUO), publiées en 2020 par le Collège des médecins du Québec, l’Ordre des pharmaciens du Québec et l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec : « Une évaluation clinique complète doit être effectuée, si possible, au début du traitement, et consignée au dossier, conformément aux règlements en vigueur. Il pourrait être indiqué, selon la situation, de compléter l’évaluation au cours des visites subséquentes et de prioriser un début rapide de traitement. ».

2 Par le médecin ou un autre professionnel habilité.