L’interdisciplinarité : l’incontournable en santé

J’en suis convaincu : l’avenir de notre système de santé passe par l’interdisciplinarité. C’est en s’épaulant et en faisant front commun que tous les professionnels de la santé – médecins, pharmaciens, infirmières et autres – pourront soigner la patientèle avec efficacité et favoriser une meilleure accessibilité aux soins, sans perdre leur feu sacré.

Rougeole et interprofessionnalisme

La rougeole en est un exemple probant. Considérée comme éradiquée au pays depuis 1998, elle a refait surface en 2011 et à nouveau aujourd’hui. À ce jour, une vingtaine de cas ont été diagnostiqués au Québec et l’Ontario s’inquiète à son tour. D’autant que la contagiosité est importante : 12 à 18 individus peuvent être infectés par un seul porteur du virus!

Devant cet état de fait, le Collège a été interpellé par la Direction nationale de la santé publique pour sensibiliser rapidement les soignants.

En un temps record, nous avons organisé, le midi du 12 mars dernier, le webinaire interordres « La rougeole : bien la comprendre pour mieux la déceler ». Plus de 11 000 professionnels, membres du Collège des médecins, de l’Ordre des pharmaciens (OPQ) et de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) s’y sont inscrits.

Tous ont pu bénéficier du savoir expert du Dr Luc Boileau, directeur national de la santé publique, de la Dre Caroline Quach, pédiatre, microbiologiste-infectiologue, épidémiologiste et responsable de la prévention et du contrôle des infections au CHU Sainte-Justine, du Dr Jean Longtin, microbiologiste-infectiologue et directeur médical associé d’OPTILAB Capitale-Nationale, et de Carol-Ann Lavoie, infirmière.

Si vous n’avez pu y prendre part le jour même, nous vous invitons à visionner la captation vidéo du webinaire et à prendre connaissance de la présentation des experts, afin de bien mesurer la situation épidémiologique actuelle, d’examiner les facteurs cliniques propres à la rougeole et d’approfondir vos connaissances en matière de diagnostic, de prise en charge et d’interventions postexposition au virus.

La collaboration interprofessionnelle, un puissant levier

Le Collège ne fait pas que valoriser et encourager l’interdisciplinarité : il l’incarne de façon concrète dans les actions qu'il déploie et dans les positions qu’il fait valoir.

Uniquement depuis le début de l’année 2024, nous avons uni nos forces à de nombreux ordres professionnels, pour que le public soit mieux informé, que le corps médical soit mieux aiguillé ou que les instances gouvernementales fassent vite bouger les choses au bénéfice de la population comme du personnel soignant. Par exemple :

• Avec l’OIIQ, nous avons émis un avis et préparé différents outils afin d’accompagner les médecins et les IPS pratiquant des soins de fin de vie, en regard des plus récents changements apportés à la loi québécoise en la matière.
• En collaboration avec le Barreau du Québec et l’OIIQ, nous avons publié, en début de semaine, une lettre ouverte exhortant le gouvernement fédéral à amender le Code civil pour permettre aux personnes vivant au Québec et souffrant de maladies cognitives de demander l’AMM de façon anticipée.
• De concert avec l’OPQ, l’OIIQ et l’Ordre des diététistes-nutritionnistes du Québec (ODNQ), nous avons appelé le public à faire preuve de vigilance en matière de vitaminothérapie par intraveineuse, pouvant engendrer des infections sanguines graves.

Nous continuerons de faire front commun, pour que les expertises de tous les professionnels de la santé soient reconnues à leur juste valeur, pour que le public bénéficie en temps opportun de nos actions concertées et pour que nos voix soient entendues à l’unisson.

Tendons-nous la main, entre médecins, infirmières, pharmaciens, travailleurs sociaux et j’en passe. Pour soigner une population vieillissante aux prises avec plusieurs pathologies à la fois, pour favoriser la prévention et pour mieux faire face, par exemple, aux éclosions virales qui risquent de se multiplier, l’interdisciplinarité est la clé. C’est la voie à emprunter pour nous permettre de réagir, de faire avancer la science et évoluer nos processus de soins. L’autre étape sera de positionner davantage les patients au cœur de leurs soins. Ils sont, de toute façon, de plus en plus informés et se partagent les données entre eux.

Tout le monde y gagne!

P.-S.  : Puisque les échanges enrichissent la réflexion, je vous invite à visiter la section Forum pour prendre connaissance des très nombreux commentaires qui nous ont été adressés sur le va-et-vient des médecins entre le réseau public de santé et le secteur privé.

Mauril Gaudreault, M.D.,
Président du Collège des médecins du Québec

Dans le cadre de ses fonctions, il représente le Collège auprès des instances politiques et de divers partenaires afin d'en assurer le rayonnement. Il s'assure que les services de l'ordre reflètent bien sa mission, soit de protéger le public en offrant une médecine de qualité.